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Trio n°2 de Franz Schubert
C’est au crépuscule de sa vie et à l’apogée de sa maturité musicale que Schubert s’est véritablement attaqué à cette formation : les deux grands trios avec piano ont immédiatement pris place au panthéon de la musique de chambre. Le deuxième trio est de proportions encore plus impressionnantes que son aîné, et paraît d’une construction encore plus maîtrisée. C’est aussi l’annonce, avec le retour du thème de l’Andante dans le quatrième mouvement, des grandes œuvres cycliques de la musique romantique comme celles de César Franck, qui d’ailleurs assurera la création française de ce trio. L’Allegro initial commence par un thème à l’unisson, d’une puissance beethovénienne, mais cette ardeur laisse vite place à l’atmosphère inquiète du deuxième thème (en si mineur). Le développement est marqué par une grande instabilité tonale (une douzaine de tonalités sont abordées) et de grandes oppositions dynamiques. Le célèbre Andante en ut mineur, utilisé entre autres par Stanley Kubrick dans Barry Lindon, superpose le thème mélancolique du violoncelle à un lourd rythme de marche fataliste au piano. La partie centrale s’assombrit encore, jusqu’au cataclysme, puis le thème initial revient, inexorable, en conclusion. Le Scherzando en mi bémol majeur, à mi-chemin entre un scherzo et un menuet, lance une phrase pleine d’élan au piano, reprise immédiatement en canon par les cordes. Le trio en la bémol majeur feint la rusticité d’une danse paysanne pour mieux mettre en valeur l’apparition au violoncelle d’un thème d’une rêveuse tendresse. Le finale, Allegro moderato, aux proportions inhabituellement larges, s’apparente à une promenade dans le romantisme schubertien, sorte de mise en abîme du fameux « Wanderer ». Le trio s’achève avec la reprise du thème de l’Andante, d’abord dans un tragique mi bémol mineur, puis triomphe enfin dans le ton principal de mi bémol majeur.