Informations
- Résidence
- 19 juillet 2020 St Hilaire-Luc
- 20:30 à L’église.
- Rencontre-débat à 17h30 au Carré du Fournil organisée par l’association des amis de Saint-Hilaire-Luc.
Artistes
- Elsa Grether, violon.
- Ferenc Vizi, piano.
Œuvres de
Beethoven, Janacek, Chostakovitch.
Programme
« Aujourd’hui, comme souvent désormais, Ariane est en pleine lumière. Au piano, bien sûr, officiant aux funérailles de son père, le maestro Claessens, chef d’orchestre mondialement reconnu. Mais au lieu d’entamer une prévisible marche funèbre, elle se lance dans la terrifiante réduction pour clavier du Concerto pour violon n° 1 de Dmitri Chostakovitch. Et ne lâchera rien. Dans la froide basilique genevoise, devant un public de musiciens, de critiques et de « connaisseurs » réunis, la jeune prodige offre un lamento des plus poignants. » Extrait du roman « opus 77 » d’Alexis Ragougneau
La violoniste Elsa Grether en duo avec le pianiste Ferenc Vizi, vous proposent un programme autour du roman Opus 77 d’Alexis Ragougneau, paru à la rentrée 2019 aux éditions Viviane Hamy. Alternant lectures de courts extraits, et trois chefs-oeuvres du répertoires, dont le fameux concerto opus 77 de Chostakovitch, les artistes nourrissent un dialogue autour de la création et explorent ensemble le lien qui unit la musique et la littérature.
Le concert sera précédé d’une rencontre débat avec Alexis Ragougneau organisée par l’Association des Amis de Saint-Hilaire-Luc à 17h30 au Carré du Fournil. Le concert aura lieu à 20h30 à l’église.
Ludvig van Beethoven — 9ème Sonate opus 47 « à Kreutzer ».
- Adagio sostenuto
- Presto
- Andante con variazioni / Presto
Leos Janacek — Sonate pour violon et piano.
- Con moto
- Ballade
- Allegretto
- Finale
Dimitri Chostakovitch — 1er Concerto pour violon opus 77.
- Nocturne
- Scherzo
- Passacaille (suivi d’une longue cadence du soliste)
- Burlesque
Durée d’exécution : 40 minutes environ.
Beethoven — 9ème Sonate « à Kreutzer » opus 47 - (1802 1803)
250 ans de la naissance du compositeur.
Composée en 1803, la neuvième Sonate opus 47 en la majeur, que Beethoven crut bon de dédier au violoniste français Rodolphe Kreutzer (lequel se serait toujours refusé à la jouer, la déclarant tout bonnement « inintelligible »…), est devenue, en partie grâce à Leon Tolstoï, la plus célèbre des dix. Un sort assez enviable pour une sonate que le musicien disait lui-même avoir écrite « dans un style très concertant, quasi comme celui d’un concerto ». Quoi qu’il en soit, cette œuvre dans laquelle Tolstoï a vu le symbole de la passion fatale et dévastatrice mérite très largement l’engouement dont elle est l’objet. On a parlé, à propos de ses premier et troisième mouvements, de « véritable corps à corps de deux instruments » (Jean Chantavoine), et il est vrai, notamment, que le violon y affirme un ton fougueux et déclamatoire qu’on ne lui connaissait pas jusque là. Le titre emprunté par Tolstoï fait bien référence à l’oeuvre de Beethoven, dite « Sonate à Kreutzer », que jour l’un des protagonistes de l’ouvrage. Le texte a lui même inspiré plusieurs oeuvres musicales par la suite, dont le premier quatuor de Janacek. Leon Tolstoï fils fera de même en publiant « Le Prélude de Chopin ».
Janacek — _Troisième Sonate _pour violon et piano - (1914 1922)
« J’ai écrit la Sonate pour violon en 1914 au printemps, alors que nous attendions l’arrivée des Russes en Moravie »
Leos Janacek
Chostakovitch — Concerto pour violon Opus 77 - (1947 1948)
- Nocturne
- Scherzo
- Passacaille
- Burlesque
Le 29 octobre 1955, le violoniste David Oïstrakh créa le Premier concerto pour violon de Chostakovitch, accompagné par l’Orchestre Philharmonique de Leningrad dirigé par Evgueni Mravinski. Cette période de l’après-guerre fut l’une des plus sombres pour les artistes et les intellectuels soviétiques. Andreï Jdanov, “valet” de Staline, reprit la culture en main et accusa un certain nombre d’artistes dont Prokofiev et Chostakovitch de “formalisme”. Le musicien poursuivit un jeu dangereux du “chat et de la souris”, Condamné entre deux partitions à ménager le pouvoir, ainsi que l’Union des compositeurs dirigée par une personnalité aussi influente et nocive que Tikhon Khrennikov. À cette époque, seules les Symphonies n°1, 5 et 7 de Chostakovitch étaient autorisées à la diffusion. Pour le compositeur, il n’était plus question de proposer à la censure une nouvelle partition importante. Par conséquent, il rangea son Concerto dans un tiroir. Il y resta durant sept ans.
Focus auteur – Alexis Ragougneau
A 27 ans, Ariane Claessens est une star du piano classique. Au sommet du succès, elle apprend que son père, chef redouté de l’Orchestre de la Suisse romande, est atteint d’un mal incurable. Elle va alors tenter de réconcilier son frère David, brillant violoniste réfugié dans le silence d’un bunker, avec son chef de père…
« En écrivant Opus 77, j’ai d’abord souhaité faire œuvre de traducteur. Il ne s’agissait pas de traduire la musique en mots – la musique est un langage universel qui se suffit à lui-même et, précisément, se passe de mots ; l’idée était plutôt de retranscrire l’émotion qui peut nous bouleverser à l’écoute d’une œuvre. Ainsi n’ai-je pas cherché à user du vocabulaire de la critique musicale ; Opus 77 n’est en aucune façon un roman destiné aux seuls mélomanes. J’ai préféré aller rechercher les outils du romancier : l’intrigue, et surtout le personnage. Chostakovitch m’avait montré la voie : son concerto pour violon, qui constitue la pierre angulaire du roman, est tout en dramaturgie ; les thèmes utilisés sont universels et intemporels : l’individu face au rouleau-compresseur totalitaire, l’homme face au système et à la collectivité. » Alexis Ragougneau
Auteur de théâtre, Alexis Ragougneau a fait une entrée remarquée dans le monde littéraire avec deux romans policiers : La Madone de Notre-Dame (2014) et Évangile pour un gueux (2016). Il s’est ensuite consacré plus librement à la création romanesque : après Niels (sélectionné pour le Prix Goncourt 2017), il revient avec Opus 77, en lice pour le Prix des libraires 2020 et finaliste du Prix Femina 2019. Ses livres sont acclamés par les libraires et les journalistes, aussi bien en France qu’à l’étranger.
Alexis Ragougneau signe là une partition d’une profondeur tragique dont la leçon dit plus que les affres des dictatures modernes. Philippe-Jean Catinchi, Le Monde des livres.
La force des émotions - la jalousie, la rancœur, l’ambition, la passion - suffit à happer le lecteur, à l’entraîner dans un tourbillon de haine et d’amour d’une violence âpre et sèche. Ariane Claessens, qui porte ce livre sur ses épaules car c’est elle qui parle, de la première à la dernière phrase, qui crache, qui hurle cette attention qu’elle n’a pas reçue, ce vide qu’a créé la disparition du frère rendu fou par le père, finit par sortir du cadre figé de la page pour prendre vie sous nos yeux avec sa chevelure rousse flamboyante et ses mains qui se déploient et ses doigts qui vont et viennent sur les touches noires et blanches du piano. Alexandra Schwatrzbrod, Libération.
On connaissait le talent d’Alexis Ragougneau pour créer des atmosphères en deux verbes et trois noms. Il nous propose avec Opus 77 une méditation tragique, drôle et grinçante, sur ces deux domaines où la passion peut tout créer et tout détruire : la famille et l’art. Alain Nicolas, L’Humanité.
Alexis Ragougneau pose toutes les pièces au dossier familial des Claessens, révélées l’une après l’autre, puis entremêle savamment les temps, les faits, les réflexions, de telle sorte qu’Opus 77 a cette allure d’une course contre la montre, au tempo à la fois haletant et inquiétant. En commençant la lecture, prévoyez le panneau « Ne pas déranger ».
Valérie Marin La Meslée, Le Point.
«Un roman passionnant, une partition brillante sur un drame familial.
Bernard Lehut, RTL.
Un extrait d’opus 77…
« La plupart des violonistes transpirent abondamment pendant le concert. Le stress, l’effort, la chaleur des projecteurs. Souvent, ils s’épongent le front entre deux mouvements. Les cinéastes, les réalisateurs de documentaires, parfois les écrivains, adorent faire voir les gouttes de sueur du soliste giclant au ralenti dans la lumière. Toi, du plus loin que je me souvienne, dès tes premières apparitions d’enfant devant un public, je t’ai toujours vu sec comme l’amadou, et aussi pâle qu’un mort. Caméramans et scribouillards ont été priés dès le départ d’aller voir ailleurs. Une fois, je suis allée jusqu’à te demander pourquoi, pourquoi cette pâleur, pensant qu’il y avait nécessairement une réponse sensée à ma question – j’étais gamine quand je te l’ai posée – ; tu as réfléchi un long moment puis tu as dit, le plus sérieusement du monde, C’est parce que mon sang passe dans le violon. »
Le concerto opus 77 de Dimitri Chostakovitch
La composition du concerto pour violon n°1 est indissociable de son créateur et dédicataire David Oïstrakh dont Chostakovitch admirait l’extraordinaire technique, à laquelle il pensait lorsqu’il écrivit ces pages d’une redoutable difficulté. La collaboration semble cependant avoir été tout sauf spontanée et enthousiaste de la part de l’interprète qui eut beaucoup de réticence à intégrer la singularité de l’œuvre avant de se familiariser peu à peu avec elle et d’en devenir le plus fervent défenseur. Ce fut d’ailleurs grâce à la détermination et à la grande notoriété du violoniste que le Concerto pour violon put être créé, avec un succès considérable, mais seulement sept ans après sa composition. L’Édit de Jdanov avait en effet mis Chostakovitch (comme d’autres compositeurs célèbres) au ban de la nation pour déviation formaliste, subjectivisme et refus du réalisme socialiste et prononcé une condamnation sans appel de l’ensemble de son œuvre, rendant par là même impossible pendant des années toute audition d’œuvres nouvelles. Ce concerto se distingue notamment par sa fameuse passacaille, remarquable par sa manière de juxtaposer le thème de Staline de Symphonie n°7 en la majeur, op. 92 du compositeur, avec celui de la Symphonie n°5 en ut mineur, op. 67 de Beethoven, le Destin.
Elle fut créé le 29 octobre 1955 par David Oïstrakh et l’Orchestre Philharmonique de Leningrad, dirigés par E. Mravinsky.