« Beethoven / Debussy / Franck »
Trois compositeurs européens, entre révolutions et temps de guerres.
Ludvig van BEETHOVEN — Troisième Sonate pour violon et piano (Durée 15’ - 1799).
Claude DEBUSSY — Troisième Sonate (pour piano et violon) *Durée 20’ - 1917.
César FRANCK (1822 – 1890) — Sonate pour violon et piano
Dédiée à Antonio Salieri, son professeur. Cette Sonate appartient à la période où Beethoven commençait à affirmer son style et à se détacher de l’influence de Haydn et de Mozart et qui vit aussi la composition de la Sonate « Pathétique », des six premiers Quatuors à cordes. Beethoven écrira sa Symphonie Héroïque après avoir surmonté une grave crise morale (Testament d’Heiligenstadt), en partie due à la progression de sa surdité. Composée en hommage à Bonaparte et aux idéaux de la Révolution française, elle rompt avec le modèle classique de Haydn et Mozart. Elle ne lui sera finalement pas dédiée. Après avoir écrasé les dernières troupes royalistes en 1795, Bonaparte fut considéré comme le sauveur des idéaux de la Révolution française. En 1799, il devint Premier consul pour une période de dix ans. Magnifiées dans toute l’Europe, ses victoires en Italie furent comparées au culte antique de Prométhée. Beethoven évoqua la possibilité de venir s’installer à Paris, la ville où triomphait la Liberté… La dédicace de sa nouvelle symphonie prit toute sa signification : “Intitulata Bonaparte”. Ferdinand Ries (1784–1838) affirma plus tard qu’il avait été auprès de Beethoven le messager de la nouvelle terrifiante : après un referendum, Bonaparte était devenu l’empereur des Français ! Beethoven raya la dédicace avec tellement d’énergie qu’il fit un trou dans le papier. Puis, il écrivit : « Symphonie pour célébrer le souvenir d’un grand homme »… et dédia la partition au prince Franz Joseph Maximilian Lobkowitz (1772–1816).
Créée le 5 mai 1917 par le compositeur au piano et Gaston Poulet au violon. Lors d’un concert au bénéfice du Foyer du Soldat aveugle, assistance aux blessés des yeux de la Grande Guerre. Troisième et dernière des sonates composées durant l’hiver 1916–1917 alors que Debussy était très malade, elle est la dernière œuvre majeure du musicien qui mourut moins d’un an après sa création. Debussy avait prévu un voyage en Amérique avec le violoniste Arthur Hartmann, son ami. Réalisant qu’il n’a plus assez de force, il écrit à Hartmann qu’il serait un « cadavre ambulant ». De ce fait, il put achever la sonate, dont il dit qu’elle « sera intéressante à un point de vue documentaire de ce qu’un homme malade peut écrire durant une guerre ».
Dédicacée à … et créée par Eugéne Ysaye – en 1886 (Durée 30’) Cette année 1886, Ysaye se marie avec la cantatrice et fille de major de l’armée, Louise Bourdeau de Courtrai (1868–1924), le 26 septembre 1886. À cette occasion César Franck lui dédie sa sonate pour violon et piano. Cette œuvre est caractéristique du compositeur César Franck : architecture travaillée, thèmes nombreux et variés auxquels la forme cyclique chère César Franck donne l’unité d’ensemble. Elle est aussi remarquable pour l’équilibre des rôles et le dialogue entre les deux instruments, traités à parité, ainsi que par la maîtrise du tempo demandée aux interprètes, qui doivent souvent retenir leur jeu pour accroître tension et émotion.
