Informations
- Résidence
- 18 août 2022 Mauriac
- Église à 21h
Artistes
- Le Trio Pantoum
- Elina Kupermann, violon
- Sven BOINY, alto
Œuvres de
Fauré, Franck, Pierné, Brahms, Ravel, Skorik, du duo au quintette.
Programme musical
Camille Saint-Saens :
En première partie de programme, le deuxième trio de Camille Saint-Saens, lui-même dédicataire du fameux quintette de César Franck, mais il n’aurait pas été enthousiasmé par cette musique “dramatique” et aurait abandonné le clavier avec dédain sitôt le dernier accord plaqué. Commencé à Alger en mars 1892 et achevé à Genève en juillet suivant, le Trio no 2 de Saint-Saëns est créé à la salle Érard le 7 décembre par Isidore Philipp (piano), Henri Berthelier (violon) et Jules Loëb (violoncelle). Il avait donné du fil à retordre à son auteur, qui s’agaçait des mondanités entravant la composition : « Ce qui m’empêche de musiquer […], ce sont les importuns, les gens qui veulent continuellement m’avoir à déjeuner ou à dîner ; j’ai pris un parti violent, je les ai tous envoyés paître, et me revoilà lancé sur mon travail. » La partition adopte une coupe inhabituelle en cinq mouvements. Les deux Allegro, plus longs, enserrent l’Andante formant l’axe central, et deux intermèdes plus légers (Allegretto dans une étonnante mesure à cinq temps, Grazioso, poco allegro au rythme de valse). Le premier mouvement, « bien noir de notes et de sentiment » souligne Saint-Saëns, ouvre le Trio avec une expression passionnée. Le badinage claudiquant de l’Allegretto est interrompu par deux épisodes volubiles et virtuoses. Dans l’Andante con moto, les instruments dialoguent sur un motif obsédant. Le compositeur Charles Lecocq décrit le quatrième mouvement en ces termes : « L’enfant de la maison qui vient montrer le bout de son nez rose et retroussé. On voudrait le chasser, mais il est si gentil qu’on l’écoute en le caressant. » Il admire particulièrement le finale rhapsodique, « une merveille de facture, et sans en avoir l’air, car tout s’y déduit avec un tel naturel qu’on dirait une improvisation. » Saint-Saëns remerciera son ami d’avoir perçu ses intentions avec tant d’acuité.
Gabriel Fauré :
Le Quintette pour piano et cordes de Gabriel Fauré, chef d’œuvre de la musique de chambre française. Fauré composa dans le plus grand secret son Quintette avec piano no 2, de septembre 1919 à mars 1921. Il n’en parla qu’à son épouse. La surprise dut être d’autant plus grande pour le public de la création, le 21 mai 1921. L’auditoire accueillit triomphalement le nouvel ouvrage. Gabriel Fauré dédie son œuvre en quatre mouvements au compositeur Paul Dukas. Le Quintette n°2 est un monument de la musique de chambre française. Gabriel Fauré l’écrit entre septembre 1919 et février 1921. Pendant ce laps de temps, il démissionne de son poste de directeur du Conservatoire de Paris – en raison de son grand âge, 75 ans, et d’une surdité. Composé pendant l’entre-deux-guerres, ce Quintette pour piano et cordes n°2 en ut mineur opus 115 est construit en quatre mouvements : Allegro moderato, Scherzo : Allegro vivo, Andante moderato et le Finale : Allegro molto.
Maurice Ravel :
La fameuse sonate en sol majeur est la dernière œuvre de musique de chambre du compositeur. Élaborée entre 1922 et 1927, elle est dédiée à la violoniste Hélène Jourdan-Morhange, et fut créée par Ravel en personne au piano, avec Georges Enesco au violon, le 30 mai 1927. On y retrouve l’influence des grands maitres, mais également celle du jazz et du blues si cher à Georges Gershwin (auteur de Rhapsody in blue), avec qui Ravel fréquenta les night-clubs enfumés d’Harlem — véritable berceau du jazz à New-York. Il est intéressant de noter que Ravel, influencera le langage harmonique du pianiste américain de jazz Bill Evans, considéré comme l’un des plus grands de sa génération. Herbie Hancock autre pianiste émérite de jazz, interprétera le blues de la sonate en sol majeur lors de concerts.
Un clin d’œil à la thématique « des jours heureux » du 26ème festival.
Lumière sur César Franck
Une programmation post romantique qui rend hommage à César Franck à l’occasion de son 200ème anniversaire et qui inspire aussi de fêter l’amitié avec « La bande à Franck ! » Figure phare de la musique romantique de la deuxième moitié du XIXème siècle en France, il a notamment insufflé une énergie nouvelle à la musique de chambre et à la tradition de l’orgue. Professeur d’orgue au Conservatoire de Paris à partir de 1872, il réunit ses élèves et les jeunes compositeurs dans la célèbre « bande à Franck » : d’Indy, Duparc, Chausson et les autres contribuent à faire sortir leur professeur de l’anonymat.
Elina KUPERMAN
Elina est née dans une famille de musiciens en Ukraine, suit les cours de l’école spéciale de musique renommée de Kharkov et y obtient une médaille d’or de violon. Son talent a été récompensé par des deuxièmes prix et des prix spéciaux au Concours international de violon d’Ekaterinbourg (1993) en Russie, et à Rome, où elle a remporté le premier prix du concours “Premio Valentino Bucchi” (1995). En 1998, Elina s’installe en France, où elle complète ses études avec Alexandre Brussilovsky et Philippe Aïche, Felix Andrievsky (MasterClass). Elle joue en soliste avec divers orchestres en Russie, en Ukraine, en Biélorussie, en France et aux États-Unis et participe à de nombreux festivals. En musique de chambre, elle a été le premier violon du Quatuor Gaudi et du Quatuor Arte, travaillant avec Sonia Wieder- Atherton et le Quatuor Benhaïm. Aujourd’hui, Elina passe à la direction d’orchestre alors qu’elle poursuit sa carrière de soliste, de chambriste et de professeur de violon et de musique de chambre.