Informations
- Résidence
- 19 août 2022 NEUVIC
- Église Saint-Etienne à 21h
Artistes
- Le Trio Pantoum
- Avec Elina Kupermann, violon
- Sven BOINY, alto
Œuvres de
Fauré, Franck, Pierné, Brahms, Ravel, Skorik, du duo au quintette.
Programme musical
Le Quintette pour piano et cordes de César Franck, chef d’œuvre de la musique de chambre française. Écrit en 1779 et dédié à Camille Saint-Saëns, l’œuvre est créée le 17 janvier 1880 à la Société Nationale de Musique.
Paul Dukas écrira justement au sujet de Franck :
« Ce qui caractérise avant tout l’œuvre de César Franck, c’est son profond classicisme. Non un classicisme de pure forme, un remplissage plus ou moins stérile de cadres scholastiques comme en suscita par centaines l’imitation de Beethoven et plus tard de Mendelssohn […]. Ces grandes constructions sonores où se complait une pensée qui, pour s’exprimer toute, a besoin des amples périodes, du vaste espace qu’elles lui accordent, s’édifient d’elles-mêmes, ainsi qu’il sied, sous l’impulsion nécessaire de son développement. Et c’est parce que, chez Franck, cette pensée est classique, c’est-à-dire aussi générale que possible, qu’elle revêt naturellement la forme classique, non pas en vertu d’une théorie préconçue ni d’un dogmatisme réactionnaire qui subordonnerait la pensée à la forme. Mais cette généralité d’expression, de sentiment, de forme, ne peut être rendue sensible que par l’individualité de la langue, sous peine de dégénérer en une recherche d’originalité abstraite dont on chercherait en vain l’exemple chez les grands créateurs. Comme la leur, la langue musicale de César Franck est rigoureusement individuelle, d’un timbre et d’un accent jusqu’à lui inusités et qui la font reconnaître entre toutes. »
En première partie, nous entendrons le premier quatuor de Brahms - Brahms avait tout juste vingt ans lorsqu’il esquissa, en 1853, ses premiers quatuors ; mais l’imposant modèle de Beethoven pesait sur le genre, et vingt ans passèrent avant que les deux premiers soient achevés. Il envoya la partition complète à son ami le violoniste hongrois Joseph Joachim, qui émit quelques réserves sur le premier mouvement, mais fit grand compliment des trois autres, en particulier du final « alla zingarese ». La création eut lieu le 16 novembre 1861 à Hambourg, avec Clara Schumann au piano. Comme tant d’œuvres de Brahms, le Quatuor op. 25 frappe autant par sa profusion thématique que par un désir permanent d’organiser et d’unifier cette multitude de motifs (en particulier grâce à la permanence de figures d’accompagnement) : par la rigueur de son écriture, Brahms tentait de canaliser les impulsions d’un tempérament naturellement porté au doute et à l’épanchement. Mais l’incertitude rythmique trahit souvent ce trouble, comme dans la réexposition du troisième thème du premier mouvement, où se superposent les battues régulières de noires, croches, triolets de croches et doubles croches dans une étonnante polyphonie. L’étrange intermezzo est traversé de triolets de croches véhéments et nostalgiques, bousculés eux aussi par des hémioles, tandis que l’andante con moto, que l’on croit tout d’abord lyrique et serein, révèle ses accents martiaux dans une structure fantasque et un tempo croissant. Quant au finale, hommage virtuose au verbunkos des Tsiganes hongrois, Brahms ne peut s’empêcher d’en brider la fièvre – ainsi le langoureux épisode meno presto est-il réexposé en canon, après une cadence de piano évoquant le cymbalum. Éphémère victoire de la raison sur l’intuition : quelle que soit la maîtrise formelle et stylistique de ce finale, l’impression qu’il laisse est celle d’une liberté et d’une jubilation bien rares chez son auteur.
Un clin d’œil à la thématique « des jours heureux » du 26ème festival.